Notman Photographic Archives, McCord Museum of Canadian History. [1881]

 

Le Montréal de William Osler

 

Le 12 juillet 1999 marquera le 150e anniversaire de la naissance, à Bond Head (Ontario), de l'un des médecins les plus célèbres que l'Occident ait connus. Sir William Osler (le titre de baronet lui a été conféré en 1911) obtient son diplôme de médecine à McGill en 1872; de retour à Montréal après deux années d'études supérieures à l'étranger, il est nommé professeur à la faculté de médecine de l'Université McGill et exerce la médecine et la pathologie à l'Hôpital général de Montréal. En 1884, il est nommé professeur de médecine clinique à l'Université de Pennsylvanie, qu'il quitte en 1889 pour occuper le poste de professeur de médecine et médecin chef à l'Hôpital et à la Faculté de médecine Johns Hopkins récemment fondés à Baltimore. En 1904, l'Université d'Oxford lui offre la chaire Regius qu'il occupera de 1905 jusqu'à sa mort, à Oxford, en 1919.

Partout où il a vécu, Osler a laissé un héritage durable, particulièrement dans le domaine de l'enseignement de la médecine. L'Université McGill, où il introduit de nombreuses réformes, offre alors un cadre propice au changement. Son professeur et collègue, Robert Palmer Howard, a comparé l'influence qu'il a exercée sur la faculté de médecine à l'effet d'un "puissant ferment". À l'Université de Pennsylvanie, délaissant la salle de cours, il instaure la pratique de l'enseignement au chevet du malade et installe un petit laboratoire clinique à l'hôpital. À la nouvelle faculté de médecine Johns Hopkins de Baltimore, il crée, avec ses collègues William Halsted, William Welch et Howard Kelly, un centre d'excellence en enseignement de la médecine où les principaux membres du corps professoral dispensent leur enseignement au chevet des malades et où les étudiants prodiguent eux aussi des soins. Son traité Principles and Practice of Medicine, publié en 1892, a fait autorité pendant des décennies et a inspiré la création du Rockefeller Institute for Medical Research.

Lorsqu'il arrive à Oxford en 1905, Osler, au sommet de sa carrière et de sa gloire, est très sollicité. Même s'il avait espéré prendre du repos et modifier son emploi du temps très chargé, il prend bientôt d'innombrables engagements et s'attaque à une foule de problèmes. La Première Guerre mondiale l'épuise et lui réserve un drame personnel, car il perd son fils unique, Revere, sur les champs de bataille de France. Osler meurt en 1919, laissant derrière lui un héritage d'humanisme médical qui n'a rien perdu de sa valeur.

À quoi ressemblait Montréal à l'époque de William Osler? L'industrie se développait dans les banlieues à l'est et le long du canal Lachine, à l'ouest. De nouvelles municipalités se constituaient à la périphérie de la ville. Le chemin de fer reliait Montréal à Halifax, à l'est, à Vancouver, à l'ouest, et à Chicago et New York, au sud. Mais tout n'était pas aussi rose que les demeures somptueuses du Square Mile, les bureaux imposants de la rue St-Jacques et l'aspect pastoral du campus de McGill pouvaient le laisser croire.

La pauvreté était courante et les conditions de travail mauvaises à un point tel qu'en plus de provoquer de graves conflits entre les travailleurs et le patronat, elles attiraient l'attention des différents paliers de gouvernement. Des conflits linguistiques, politiques et religieux ont également marqué cette période. Enfin, les épidémies n'ont pas épargné Montréal dont la population a notamment eu à souffrir de la variole et du choléra à plusieurs reprises durant le XIXe siècle.

On s'entendait d'ailleurs fort peu sur les moyens à prendre pour contrer ces fléaux. Les mesures de santé publique étaient controversées et les vaccinations et quarantaines obligatoires, loin de recueillir l'adhésion de la population, provoquaient le plus souvent des émeutes. Mais l'atmosphère de récession économique qui marque presque toute cette période n'empêche pas Montréal d'entrer lentement mais sûrement dans son âge d'or et de devenir la métropole du Canada.

Mis à part les édifices sur le campus de McGill, le vieux-Montréal, l'église St-Jean-l'Évangéliste et certains pavillons de l'ancien Hôpital général de Montréal (maintenant occupés par le CHSLD St-Charles-Borromée), les témoins architecturaux de cette période ont disparus. Il est tout de même possible de se faire une idée des quartiers où Osler a vécu et travaillé. Des photographies d'époque font revivre Osler et les lieux de Montréal qui lui étaient familiers.

 

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